Circuit dans le Paris des impressionnistes

« Je veux peindre l’air dans lequel se trouve le pont, la maison, le bateau. La beauté de l’air où ils sont, et ce n’est rien d’autre que l’impossible ». C’est par ces mots que Claude Monet, l’un des précurseurs de l’impressionnisme, reflétait cette nouvelle technique picturale de représentation de la réalité.
Ce circuit dans le Paris des impressionnistes vous fera découvrir les lieux qui ont inspiré Monet, Renoir, Degas ou encore Pissarro et leurs œuvres les plus célèbres. Et si vous avez besoin de plus d’inspiration pour préparer votre week-end dans la capitale, découvrez cet itinéraire de deux jours à la découverte de Paris !
Paris, ville artistique
Flâner dans Paris, c’est s’immerger dans un tableau impressionniste. La lumière était un élément essentiel pour les artistes de ce mouvement et la Ville Lumière en fut sans aucun doute la muse. L’impressionnisme est né à la fin du XIXᵉ siècle dans un Paris récemment industrialisé, dominé par la bourgeoisie et les classes supérieures, dans lequel les salons d’art jouaient un rôle important. Ces expositions contribuèrent à démocratiser l’art et à le rapprocher du peuple, tout en encourageant l’émergence de nouveaux musées et galeries.

Montmartre et ses moulins
Le quartier parisien de Montmartre était l’un des points de repère du Paris des Impressionnistes, qui fréquentaient ses cafés, ses cabarets et ses théâtres. Les scènes urbaines de Camille Pissarro, représentant les rues de Montmartre à différentes heures de la journée et au fil des saisons, sont caractéristiques. Dans ces tableaux, Pissarro reproduisait en détail la vie animée du boulevard Montmartre, où circulaient passants et calèches, été comme hiver, au soleil comme sous la pluie.

Un autre aspect de Montmartre qui suscitait la curiosité des artistes de l’époque était ses moulins. Transformés en cabarets, ils réunissaient les Parisiens les plus bohèmes, et les Impressionnistes s’imprégnaient de l’atmosphère joyeuse et des réjouissances de ces lieux. Le Bal du moulin de la Galette (1876) de Renoir est un exemple de ce type de peinture de cour et de genre.
Mais l’incontournable du quartier était et est toujours le Moulin Rouge. L’atmosphère de ce cabaret était plutôt décadente, ses spectacles hautement érotiques et sa frénésie incontrôlée. Il n’est pas étonnant que des artistes comme Henry Toulouse-Lautrec, qui vivait également à Montmartre, en aient profité pour immortaliser le Moulin Rouge et ses danseuses. Les affiches de Jane Avril ou de La Goulue, créées par le peintre, témoignent du penchant des Impressionnistes pour le burlesque.

L’Opéra de Paris
Durant son mandat, Napoléon III décida de donner un coup de jeune à Paris en ordonnant la démolition des vieux bâtiments de la ville pour les remplacer par d’élégants palais dignes de la haute société parisienne. L’un d’entre eux sera l’Opéra de Paris, également connu sous le nom d’Opéra Garnier. L’un des spectacles les plus acclamés y est le ballet, dont les costumes et les mouvements enchantaient le peintre Edgar Degas, un habitué de ces représentations.
Degas commença sa carrière en tant que peintre avec des thèmes classiques et bourgeois, mais il développa rapidement un intérêt croissant pour le monde artistique. Musiciens, chanteurs et danseurs apparaissent fréquemment dans ses tableaux, les plus célèbres étant ceux représentant des scènes de ballet. Le peintre réussit à transmettre ce sentiment d’apesanteur caractéristique des ballerines grâce à la représentation de leurs mouvements gracieux et à la légèreté des tutus. En témoignent des œuvres telles que la Danseuse basculant (1877-1879) et Le Foyer de la danse à l’Opéra (1872).

Le jardin des Tuileries
Édouard Manet est le peintre qui représente la transition entre la tradition classique et la modernité impressionniste. Ses premières peintures étaient destinées à impressionner l’Académie des beaux-arts afin d’être accepté dans son salon exclusif, qui n’exposait que des œuvres approuvées par les académiciens et qui suivaient les canons établis par l’institution. Cependant, son esprit rebelle l’amena à développer une plus grande liberté créative et à s’éloigner des règles.
Il se spécialisa dans les œuvres en plein air et les parcs et jardins de Paris lui offraient un cadre idéal pour des tableaux éblouissants tels que Le Déjeuner sur l’herbe (1862-1863) et La Musique aux Tuileries (1862). Ce dernier représente une scène qui se déroule dans l’un des jardins les plus populaires du centre de Paris, le jardin de Tuileries, situé entre le musée du Louvre et la place de la Concorde. Un quartier où il est facile d’imaginer les Parisiennes de la Belle Époque se promenant dans leurs robes raffinées, une ombrelle à la main.

Les Tuileries abritent le musée de l’Orangerie, qui présente une importante collection d’œuvres impressionnistes et post-impressionnistes de peintres tels que Monet, Renoir et Paul Cézanne. Cette galerie a été aménagée dans l’ancienne orangerie du palais des Tuileries, construite pour protéger les orangers de son jardin.
Berthe Morisot dans le bois de Boulogne
Berthe Morisot, la belle-sœur de Manet, était également peintre, et ce dernier l’introduisit dans son cercle d’artistes parisiens. Bien qu’inconnue sur la scène internationale, Morisot fut l’une des précurseures du mouvement impressionniste, tant sur le plan artistique que financier. Elle finança la première exposition impressionniste, organisée en 1974 dans l’atelier du photographe Nadar, boulevard des Capucins. Son talent lui valut le respect des autres peintres du groupe, ce qui lui permit d’être reconnue aujourd’hui, bien qu’elle ait été reléguée à l’arrière-plan par les historiens de l’art pendant des siècles.
Morisot se distingue par les thèmes du quotidien qu’elle représente dans ses œuvres, notamment des scènes domestiques authentiques, telles que des mères avec leurs enfants ou des femmes dans leur bain. La nature est omniprésente dans ses toiles, dont certaines s’inspirent de décors extérieurs tels que le bois de Boulogne, un parc proche de l’Arc de Triomphe, un autre point du Paris des Impressionnistes.

Monet, la gare Saint-Lazare et Giverny
Claude Monet est le représentant par excellence de l’impressionnisme. Ce n’est pas pour rien que son Impression, soleil levant (1872) donna son nom au mouvement. Ce nom vient de la première des huit expositions impressionnistes (1874) qui eurent lieu en marge des expositions des salons académiques. Au cours de celle-ci, Monet présenta ce paysage marin à l’aube, que le critique Louis Leroy commenta d’un ton désobligeant, faisant allusion à l’impression que produit l’œuvre au premier regard.
Les artistes s’approprièrent ce terme, car selon eux, leurs œuvres représentaient une impression momentanée. Les œuvres de Monet sont principalement basées sur la réflexion de la lumière et les effets atmosphériques : l’eau, la neige, la vapeur… On retiendra particulièrement sa série de tableaux représentant la gare Saint-Lazare, dans laquelle le peintre semble s’intéresser à la vie moderne et aux avancées technologiques telles que le développement ferroviaire. Étant vitré, ce lieu a stimulé la créativité du peintre en matière de traitement de la lumière.
Mais pour découvrir Monet dans toute son essence, il faut s’éloigner de la ville et faire halte à Giverny, un village situé à environ 80 km de Paris. C’est là que vécurent le peintre et sa femme jusqu’à la fin de leur vie. Monet se laissa séduire par les charmants jardins attenants à la maison, à tel point qu’il les reproduisit dans plusieurs de ses œuvres. Il représenta notamment les nénuphars de l’étang d’inspiration japonaise, ainsi que les jardins sous différentes perspectives.

De nombreux tableaux représentant le Paris effervescent et bohème de l’époque sont aujourd’hui disséminés dans les musées de la capitale française. Le musée d’Orsay, installé dans une ancienne gare, abrite la plus grande collection de peintures impressionnistes au monde. Ses plus de 8 000 tableaux vous feront voyager dans le Paris des Impressionnistes et découvrir la vision transgressive et anticonformiste de ce groupe qui a révolutionné l’histoire de la peinture.